Le principe de ces Objectifs pour le développement durable (ODD) fut un des maigres résultats de la conférence Rio+20 en 2012. Ils doivent prendre la suite des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui entre 2000-2015 visaient la réduction de l’extrême pauvreté dans les pays en développement jusqu’en 2015 avec des résultats mitigés [1].
Les 17 objectifs résultent d’un processus participatif ouvert qui aura duré plus d’un an et associé la société civile internationale. Ces objectifs sont complétés par une déclaration politique. C’est cette déclaration qui a fait l’objet de nombreux mois de négociations et vient d’être adoptée en grande pompe à New York. Malgré de vives tensions, le compromis atteint est équilibré selon le CNCD qui a suivi de près ces négociations [2]. Les objectifs sont quant à eux soumis à un “toilettage technique” et seront finalisés pour mars 2016.
Si la réduction de la pauvreté reste l’objectif prioritaire, ces nouveaux ODD sont plus ambitieux. L’éventail des thématiques traitées est large et intègre à côté de symptômes sociaux (sécurité alimentaire, accès à l’eau, à l’enseignement, aux soins de santé), les enjeux environnementaux (lutte contre les changements climatiques, protection et restauration des écosystèmes) et des leviers économiques (énergie, industrialisation, modes de production et de consommations durables). Ces ODD sont par ailleurs applicables à l’échelle universelle et donc à la Belgique et ses différents niveaux de pouvoir.
Il ne s’agit plus “seulement” de développer les pays du Sud mais de “transformer notre monde” pour en faire un monde durable à l’horizon 2030. Le développement durable devient le cadre pour envisager le développement tant pour les pays du Sud que du Nord. Les ODD s’attaquent ainsi davantage aux racines de la pauvreté en ciblant spécifiquement la lutte contre les inégalités dans les pays et entre les pays ainsi que le respect des limites de la planète. Un réel progrès !
Pourtant, pour la société civile, le diagnostic ne va encore pas assez loin. Le nouveau programme ne questionne pas les fondements même de notre système, notamment le modèle de croissance de nos pays développés, la finance internationale débridée, le manque de justice fiscale qui sont à la source des inégalités et de l’exploitation insoutenable des ressources naturelles. On peut dès lors craindre que les ambitions affichées s’avèrent difficiles à mettre en œuvre.
D’autant plus que de nombreuses incertitudes planent encore sur deux enjeux cruciaux pour la mise en œuvre des ODD à savoir le suivi politique et le financement. Avec les difficultés budgétaires que connaissent les pays industrialisés, ceux-ci rechignent de plus en plus à mobiliser les ressources publiques pour financer le développement.
Il s’agit donc de se mettre au travail. C’est ce qu’a déjà fait une large coalition de la société civile belge, dont fait partie IEW, sous la houlette d’11.11.11 et d’Association 21. La coalition s’est penché sur cet agenda et propose ses « Pistes pour la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable en Belgique ». En tout, 336 pistes sont proposées pour mettre en œuvre les 17 objectifs aux différents niveaux de pouvoir en Belgique. Il s’agit d’un premier exercice, qui devra être approfondi par la suite, et qui vise à susciter le débat.
[1] CNCD-11.11.11 (2015) Zoom : des Objectifs du Millénaire aux Objectifs de développement durable. Extrait du rapport annuel 2015 sur l’aide belge au développement